Histoire du vignoble
Le vignoble du Beaujolais s’étend au sud de la Bourgogne, entre Mâcon et Lyon, sur environ 55 km de long.
L’histoire viticole remonte à l’époque romaine, mais le véritable essor commence au Moyen Âge, sous l’influence des moines bénédictins et des seigneurs du Beaujolais (capitale historique : Beaujeu).
Au XIXᵉ siècle, le vignoble connaît une grande expansion grâce à la proximité de Lyon et au développement du chemin de fer.
Après la crise du phylloxéra, le cépage gamay s’impose sur la quasi-totalité du territoire (au détriment du pinot noir).
Administrativement rattaché à la Bourgogne, le Beaujolais possède pourtant une identité géologique, historique et stylistique unique.
Terroir et géologie
- Nord du Beaujolais (crus) : sols granitiques et schisteux → vins complexes, structurés, de garde.
- Sud du Beaujolais (Beaujolais et Beaujolais-Villages) : sols argilo-calcaires plus profonds → vins plus souples, fruités.
- Climat : semi-continental avec influences méditerranéennes. Étés chauds, automnes secs, hivers froids.
Cépages
- Gamay noir à jus blanc : 97 % du vignoble.
- Cépage emblématique du Beaujolais, donnant des vins souples, fruités, explosifs sur la cerise, la framboise, la violette.
- Chardonnay : sur les zones calcaires du nord (proches du Mâconnais).
- Produit des Beaujolais blancs, vifs, floraux et légèrement beurrés.
Types de vins produits
- Beaujolais AOC : vins rouges ou rosés légers, à boire jeunes.
- Beaujolais-Villages AOC : vins plus structurés, issus de 38 communes du nord du vignoble.
- Beaujolais blanc AOC : à base de chardonnay, souvent méconnus mais de grande finesse.
- Beaujolais Nouveau : vin primeur, emblématique de la région (voir ci-dessous).
Les 10 crus du Beaujolais
Du nord au sud :
- Saint-Amour – charme, fruits rouges, épices douces.
- Juliénas – structuré, épicé, de garde.
- Chénas – rare, puissant, floral (pivoine).
- Moulin-à-Vent – le plus célèbre, riche, tannique, apte à vieillir (souvent comparé à la Bourgogne).
- Fleurie – souple, élégant, floral (violette, rose).
- Chiroubles – léger, aérien, très fruité.
- Morgon – puissant, charnu, kirsch, pierre à fusil ; il peut “morgonner” avec le temps.
- Régnié – gourmand, entre Morgon et Brouilly.
- Brouilly – ample, rond, fruité (prune, cassis).
- Côte de Brouilly – sur les pentes du mont Brouilly, plus minéral et nerveux.
📌 Statut juridique :
Les 10 crus sont des appellations à part entière, distinctes du Beaujolais-Villages.
Ils ne portent pas la mention “Beaujolais” sur l’étiquette, uniquement le nom du cru.
Le Beaujolais Nouveau
Histoire
- Né après la Seconde Guerre mondiale comme vin de soif, rapidement mis sur le marché.
- En 1951, une loi autorise sa commercialisation anticipée : c’est la naissance officielle du Beaujolais Nouveau.
- Le slogan “Le Beaujolais nouveau est arrivé !” (années 1970) le rend mondialement célèbre.
- Le succès des années 1980-90 conduit à des excès : production industrielle, qualité inégale.
- Depuis les années 2000, un retour à la qualité s’opère : vinifications plus douces, levures naturelles, profils plus digestes.
Fabrication (macération carbonique)
- Vendanges manuelles (obligatoires) → grappes entières.
- Mise en cuve fermée sous CO₂ → fermentation intracellulaire à l’intérieur des baies.
- Fermentation courte (4–6 jours) → extraction faible de tanins, arômes primaires explosifs (banane, fraise, bonbon anglais).
- Pressurage et fermentation finale → mise en bouteille rapide, sans élevage.
Les levures sélectionnées peuvent accentuer les arômes amyliques.
Les producteurs artisanaux privilégient aujourd’hui des macérations semi-carboniques naturelles, donnant des vins plus frais, précis et digestes.
Le Beaujolais-Villages Nouveau (issu du nord) est souvent plus structuré.
📅 Sortie officielle : le 3ᵉ jeudi de novembre.
Producteurs emblématiques et cuvées mythiques
- Marcel Lapierre (Morgon) – figure historique du mouvement “nature”.
- Jean Foillard, Jean-Paul Thévenet, Guy Breton – les “4 mousquetaires” du Beaujolais naturel.
- Yvon Métras (Fleurie), Georges Descombes, Jean-Claude Chanudet – figures artisanales.
- Château Thivin (Côte de Brouilly) – référence classique.
- Pierre-Marie Chermette (Domaine du Vissoux) – équilibre et finesse.
- Louis-Claude Desvignes, Daniel Bouland, Dutraive, Jean-Marc Burgaud – grandes signatures contemporaines.
Bouteilles mythiques :
- Morgon “Côte du Py” (Lapierre, Bouland, Desvignes).
- Fleurie “L’Ultime” (Yvon Métras).
- Moulin-à-Vent “La Rochelle” (Thibault Liger-Belair).
Style et évolution récente
- Du fruit croquant du primeur aux grands vins de garde : le Beaujolais couvre tout le spectre.
- La macération carbonique reste emblématique du style, mais de plus en plus de vignerons reviennent à des vinifications bourguignonnes (égrappage, fûts, macération longue).
- Certains crus (Morgon, Moulin-à-Vent) rivalisent aujourd’hui avec les grands pinots de Bourgogne.
En résumé
| Élément | Détail |
|---|---|
| Superficie | env. 15 000 ha |
| Cépage dominant | Gamay (97 %) |
| Production annuelle | env. 900 000 hl |
| Particularité | diversité géologique et stylistique unique |
| Identité | un pied en Bourgogne, un autre dans le Rhône, un cœur bien à lui |
Source de l’image : www.lesgrappes.com